Mai 2024 :
la générosité ?

La générosité est communément définie comme une disposition désintéressée qui, attentive aux autres, donne à ceux-ci ce dont ils ont ou semblent avoir besoin. Considérée comme une vertu, la générosité est souvent confondue avec la charité chrétienne, amour du prochain quel qu’il soit et qui s’exprime par une compassion agissante. La racine grecque du mot « générosité » dévoile un trait qui risque de passer inaperçu. Gennaios – de bonne souche – qualifiait l’individu qui affronte dangers et adversités avec courage et dignité. Ainsi éclairée, la générosité révèle sa source et son essence : la grandeur d’âme.

Est grande – magnanime – l’âme qui peut contenir autre chose que soi, l’âme qui cherche à ajouter de nouvelles couleurs à sa palette, à élargir le champ de ses possibles, à se risquer sur des terres inconnues. En somme, est grande l’âme qui crée de l’abondance à partir de tout, du peu et même du rien. Étrangère à la comptabilité, insensible au qu’en dira-t-on, elle sème et récolte, reçoit et donne, accueille et se laisse cueillir. Elle tourne le dos aux réducteurs d’élans et aux interdits de penser véhiculés par le conformisme ambiant. Courageuse, elle avance comme volonté infatigable d’apprendre, de comprendre, de ne pas se méprendre, de prendre sur soi, d’être toujours prête à recevoir et à donner.

À la magnanimité s’oppose la pusillanimité – la petitesse d’âme. À la générosité s’oppose la mesquinerie – pauvreté d’une âme soumise à ses intérêts étriqués. Égocentrisme, jalousie et avarice sont les trois dispositions dénuées de grandeur et de générosité. Mais d’où viennent ces différentes dimensions et courbures d’âme ? Vient-on au monde avec un pli et un texte déterminés ou bien naît-on telle une feuille blanche qui se plie et s’écrit au gré des rencontres et de l’éducation ? Question insoluble. Car si la générosité croît mieux sur un terrain d’amour, de belles âmes poussent sur des sols arides.

À réponse impossible, référence éclairante. Pour Descartes, la générosité est « cette libre disposition de ses volontés » « qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer ». Dès lors que nous nous appliquons à bien user de notre discernement pour agir, notre volonté s’emploie à surmonter égoïsmes et préjugés pour nous porter à entreprendre les choses les meilleures. L’estime de soi vient d’une évaluation juste de soi, estimation qui obéit au critère de l’ouverture : « ai-je un cœur et une pensée prêts à renforcer ce que les autres et la vie ont de meilleur ? comment puis-je contribuer, à ma façon, à l’abondance des biens dans le monde ? ».

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