Juin 2020 :
la boîte de Pandore ?

Fabriquée par le dieu de la forge sur l’ordre de Zeus, portée à la vie par la déesse de la sagesse, la première femme reçut le nom de ce qu’elle était : riche de tous les dons par les dons que chacun des dieux de l’Olympe lui avait offerts. Elle fut envoyée auprès des hommes, munie d’une jarre qu’elle devait maintenir scellée. Trop curieuse pour respecter la consigne, Pandore l’ouvrit. Voyant en sortir les pires des maux – souffrance, solitude, maladie, vieillesse, mort – elle remit, effrayée, le couvercle.
Au fond de la jarre, l’espoir fut enfermé pour toujours.

L’espoir, resté dans une boîte qui contenait tous les maux, est-il un mal, est-il un bien ? Est-ce un mal dont les humains sont préservés ou un bien inépuisable pour compenser tant de malheurs ? L’espoir est-il illusion qui masque la réalité ou attente confiante qui donne courage ? Cadeau empoisonné ou grâce divine ? Comme tout mythe, celui de Pandore échappe à la logique du « ou bien/ou bien » pour inviter l’esprit à penser la contradiction, à fertiliser l’ambivalence.

Car qu’est-ce l’espoir sinon balancement du désir entre la crainte de sa déception et le rêve de son accomplissement ? Nourri à l’incertitude qui l’habite, l’espoir est littéralement non quiétude/inquiétude. En tant que tel, il est comme la signature de la vie au fond de notre cœur. Exposée à tout instant à sa destruction, tout être vivant vit en transformant la dégradation de son énergie physique en nouvelle source d’énergie. Jaillissant du branchement singulier de chacun à l’évolution destructrice/créatrice de la vie, l’espoir est la vibration de la vie en nous.

Pandore nous aurait apporté un mal/bien : une inquiétude à la fois incommode et plaisante, un foyer générateur de curiosité malsaine ou/et ingénieuse, de cauchemar hantant ou/et de rêverie enjôleuse, de témérité néfaste ou/et de courage créateur. De l’usage que nous faisons de ce mal/bien dépendrait notre destin, personnel et commun. Nous tissons notre destin, nous le tirons de nous comme l’araignée sa toile, écrit François Mauriac. Notre liberté, notre difficile liberté, consisterait en ce tricotage même – toile sans cesse recommencée jusqu’à la fin.

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