Étrange situation d’un confinement qui nous maintient en contact permanent avec le monde extérieur ! Symptôme d’une technologie qui a fait de nous des individus bioniques, dépendants de ces prothèses intégrées de nos sens que sont téléphones portables et ordinateurs ? Révélateur et accélérateur d’une technologie qui substitue les robots au travail des uns et télé virtualise le travail des autres ? En tous cas, le confinement nous rend plus télé connectés et plus télé connectables que jamais.
Le lien indéchirable entre les nouvelles technologies de la communication et les mesures prises pour lutter contre la pandémie nous interroge sur notre dépendance, non plus par rapport aux catastrophes naturelles et aux périls sanitaires, mais par rapport à cet environnement artificiel qui est devenu notre environnement naturel. Nos solidarités de confinés sont de connexion et non de contact. La hantise de la contamination, bien diffusée par les médias, se dissipera-t-elle avec notre exode ? La peur est une émotion protéiforme, elle sait agir comme une perverse polymorphe aux tours imprévisibles. Affaire à suivre…
À ce propos, et pour rendre la crainte moins stérile, nous pouvons imaginer l’apparition future d’un virus d’un autre genre venant défier à la fois nos infrastructures sanitaires réaménagées et les prévisions savantes de nos experts. Un virus qui s’attaque à la grande matrice informatique où se déploient nos vies bioélectroniques, un virus qui révèle notre nudité d’hommes, jusque là fiers de leur hyper développement et oublieux de leur nature humaine.
Alors ? Incapables de prévoir l’improbable à venir, préparons-nous à humaniser – à réhumaniser ? – notre déconfinement. Retrouver notre réalité d’esprit incarné, de parole qui s’échange, de pensée qui se confronte à d’autres pensées… Renaître à notre humanité en désirant et favorisant les rencontres qui s’accomplissent dans le dialogue vivant.
