Août 2020 :
notre Dame la Sagesse

Notre Dame de Paris subordonnée aux impatiences du pouvoir – en finir avant les prochaines présidentielles et les jeux olympiques. Sainte Sophie d’Istanbul pliée au fanatisme d’un tyran – reprendre les pommes de discorde obscurantistes. De part et d’autre, absence radicale d’une réflexion sur la signification que ces splendides monuments de l’humanité pourraient avoir. De part et d’autre, profanation de ce qui est sacré – les pouvoirs livrés à leurs ivresses respectives.

Le sacré n’est pas le religieux. Il recouvre le rapport que le vivant humain entretien avec l’inconnaissable – avec le « mystère ». Ce rapport, énigmatique lui-même, a conduit les hommes de tous les temps et du monde entier à repérer des lieux particulièrement riches en énergie et d’y bâtir de splendides édifices. Constructions réunissant esprits ingénieux, génies artistes, corps de métier et cœurs ardents, tous animés d’une patience à toute épreuve et tendue, telle un arc, par le désir de créer une œuvre pérenne. Constructions requérant le travail de plusieurs générations et destinées à lancer une flèche flamboyante reliant entre elles les générations qui se succèdent sans se connaître.

Bâcler Notre Dame et islamiser Sainte Sophie, n’est-ce pas manquer de sagesse? Privation de sophia – « asophie » – d’un côté, haine de la sophia – « misosophie » de l’autre. Hannah Arendt qualifiait les années entre les deux guerres mondiales de sombres temps. Comment caractériser les nôtres? Temps du grand écart entre notre passion pour la vitesse et la lenteur de notre maturation ? Temps brouillés en gestation d’un nouveau commencement ?

Affaire que nous ne pourrons pas suivre mais qui exige, dès maintenant, notre sérieux.

Partager cet article

La consultation philosophique

Renseignez ce formulaire
et je vous contacterai dans les meilleurs délais