Juin 2025 :
le sens du crime ?

Les informations regorgent de crimes commis par des individus sur des inconnus. Viols suivis de meurtres, agressions au couteau, harcèlements perpétrés sur des enfants et des ados, attaques dirigées contre des groupes dans les écoles ou lors de foires… Il ne s’agit pas de crimes passionnels ni d’actes commis par un tueur en série. Dans ces cas, nous sommes en présence de motifs intelligibles. La passion rend aveugle en provoquant des actes qui, au moment où ils sont commis, échappent à la maîtrise de la conscience. Le meurtre devenu façon d’exister traduit un sévère trouble psychiatrique. Condamnables, les crimes rationnellement explicables renvoient à une situation, à une histoire, à un profil particuliers.

Mais qu’en est-il des crimes qui renvoient à un arbitraire que la raison ne saurait éclairer ? Impénétrables dans leur signification, ces actes inspirent des interprétations précipitées. Or tout commentaire précipité plaque sur l’événement une étiquette idéologique. Plus exactement, l’idéologie s’empare du fait arbitraire pour y voir une preuve de sa propre « vérité ». Le meurtre d’un individu qui se trouve dans une mosquée est qualifié d’islamophobe ; le meurtre d’un écolier juif est qualifié d’antisémite ; le meurtre d’un homosexuel est qualifié d’homophobe… Ces caractérisations excluent d’emblée une donnée essentielle : toute victime est avant tout un être humain, tout crime porte avant tout atteinte à l’intégrité d’un être humain.

Négliger ce fait n’est pas seulement se tromper de jugement. C’est aussi manquer de respect à l’égard du vivant humain quoi qu’il ait fait. Les États de droit fondent la justice de leurs tribunaux sur le principe qu’un individu doit être jugé pour son acte après examen méticuleux des circonstances et des motifs qui l’ont occasionné. Ce même principe exclut la stigmatisation qu’entraîne toute essentialisation : en identifiant la personne avec ses actes, le substantif « criminel » refuse son possible changement. Ce refus rend absurde l’incarcération.

Les actes inexplicables, criminels ou héroïques, nous renvoient au mystère de la nature humaine. Celui qui risque sa vie pour sauver un inconnu des flammes ne savait pas, avant de passer à l’acte, qu’il en était capable. Son acte imprévu s’adressait à un frère humain et non à une catégorie. Les actes spontanément bons sont-ils plus rares ou semblent-ils tels parce que la presse et les réseaux sociaux en parlent moins ? La publicité faite au crime nous signifie-t-elle que nous préférons le vice à la vertu ? Dans ce cas, ne sommes-nous pas presque tous complices d’une ambiance insalubre qui encourage cela même qui nous horrifie ? Dans ce cas, notre société spectaculaire de l’information et de l’apothéose des émotions ne serait-elle pas favorable à l’éclosion et la propension du crime ?

Partager cet article

La consultation philosophique

Renseignez ce formulaire
et je vous contacterai dans les meilleurs délais