Août 2025 :
Offrir et recevoir ?

Offrir c’est donner ou proposer quelque chose à quelqu’un indépendamment d’une demande de sa part et sans en attendre un retour. Celui qui offre prévient un besoin, devine un désir et cherche à le satisfaire en donnant à l’autre ce qui est susceptible de lui faire plaisir. Offrir l’hospitalité à un étranger, offrir un cadeau à un ami, faire une offrande à la divinité… Fruit d’une générosité inventive, l’acte d’offrir est un aussi un acte risqué. L’hôte peut être un escroc, le cadeau peut déplaire, les dieux peuvent n’être qu’imaginaires… Ce risque est en partie compensé par la motivation désintéressée du donateur. Après tout, ce qui compte c’est le don, c’est la joie de donner et non l’effet produit par la chose offerte. Plus exactement, ce qui compte c’est le témoignage d’attention et non pas le moyen qui le représente. L’offre n’a d’autre prix que sa présence et la présence de l’intention qui en est la source.

Comment expliquer le dérapage dont souffrent les offres humaines ? Les dons envers les dieux visent à en apaiser leur éventuelle colère et à attirer leurs bienfaits. Au don reçu par le chef d’une autre tribu, le bénéficiaire répond en pratiquant la surenchère. Nous accueillons les cadeaux à charge de revanche. Nos dons philanthropiques sont déductibles d’impôts. Commercialement, une offre est la remise intéressante sur un produit ou le document précisant les conditions d’une vente. Est-ce à dire que le désintéressement est une qualité rare et que sa rareté finit par pervertir le sens d’un mot qui signifie porter devant, présenter, faire un présent, être présent ? Tout finirait-il par devenir objet d’échange, marchandise ?

N’y a-t-il pas, au fond, d’autres raisons ? Sommes-nous tous et toujours capables de recevoir ce qui nous est offert gratuitement ? Pourquoi, au lieu d’accueillir simplement, nous sentons-nous, parfois ou souvent, endettés ? Serait-ce une étrange mésestime de nous-même qui, au moment même où nous réjouissons du cadeau reçu, nous inspirerait le sentiment ne pas le mériter ? Considérions-nous subconsciemment le cadeau comme une prise de pouvoir de l’autre sur nous, une domination dont nous éprouvons le besoin de nous libérer en opposant, à l’instar des chefs primitifs, le contre-pouvoir du contre-don ? Pourquoi cette confusion assez fréquente autour du présent ?

Offrir et recevoir sont actes de cœur, étrangers aux lois du marché, étrangers à notre logique calculatrice. La logique de la vie ignore le donné/rendu, le mérite/démérite. Elle ne pratique pas le principe du « œil pour œil » – bon œil pour bon-œil. Elle est en deçà ou au-delà du bien et du mal. Quand la vie « répond » à nos souhaits, elle le fait souvent en différé et d’une manière surprenante. Alors…sortons de la comptabilité pour jouer le jeu de la vie. Ayons la générosité joyeuse de donner et l’aussi joyeuse simplicité de recevoir.

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